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Libération
Reportage

«Trans» générationnel

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Marquée par le retour de flamme d'Alan Vega ou de Faust, une XVIIIe édition des Transmusicales de Rennes placée sous le signe du feeling et de l'improvisation, bref de la transe.
publié le 9 décembre 1996 à 3h22

«Je vais vous dire un truc. Je donnerais ma couille droite pour qu'Elvis Presley soit encore en vie. Il pourrait bien peser 150 kilos et avoir 100 ans, il les enterrerait tous...» Minuit passé, samedi, dans l'arrière-cour de la salle de la Cité, Alan Vega, en béret crème et veste bleu électrique, est prêt à en découdre. Le New-Yorkais porte comme un boxeur une serviette éponge sur les épaules. Au pied d'un rideau piqué de roses, ses deux partenaires du moment, Ben Vaughn et Alex Chilton ­ ex-figure de proue de Big Star, groupe culte des 70's ­ l'encadrent, assis au plus profond du canapé.

Ils fixent leurs chaussures et ne pipent mot. Les trois hommes viennent de clore, avec la reprise d'un morceau rare de Suicide (I Remember), une des meilleures prestations de ces XVIIIe Transmusicales. Maintenant, une petite assemblée les cueille à froid et les questionne sur leurs rapports avec la jeune génération sous influence qui bat le pavé rennais.

Le ton monte vite: «Que pensez-vous de tous ceux qui se réclament de Suicide? -Rien à foutre -Et votre groupe, ça n'est pas la réunion de trois dinosaures du rock?...» Vega enrage. Derrière les lunettes noires, on sent le regard glaçant: «Je me sens plus jeune que vous. Nous nous sommes réunis sur un simple coup de tête. Parce que nous avançons toujours. Si vous ne comprenez pas ça, allez à votre rave de merde... La techno, on s'y intéressait bien avant vous. Avec Suicide, on faisait ça à une époque où ça concernait dix personnes dans le mond