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Libération

Toute l'âme de la soul

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publié le 15 avril 1997 à 0h56

Maxine Powell s'est posée face à la caméra avec des manières de duchesse. Cette lady noire de Detroit n'est pas le personnage le plus illustre de l'histoire de la musique populaire américaine. Elle a toutefois dans son sac quelques histoires savoureuses. Berry Gordy, le patron de la Tamla Motown, qui s'était juré de faire passer le rythm'n blues à l'heure de la pop et de le vendre au public blanc, est allé la chercher en 1964 alors qu'elle dirigeait d'une main de fer une agence d'hôtesses-mannequins du Michigan. Lors d'une réunion exceptionnelle, Stevie Wonder, Smokey Robinson, les Temptations, les Supremes et les Vandellas ont ainsi du se pincer quand ils l'ont entendu dire qu'elle allait s'occuper de leur image et qu'ils ne devaient désormais travailler qu'avec une idée en tête: chanter un jour à Buckingham Palace ou à la Maison Blanche. Aujourd'hui, fière et pomponnée comme à la plus belle époque, elle détaille pour Dancing in the the Streets son emprise sur le jeune Marvin Gaye qui fuyait tant qu'il pouvait cette drôle de gouvernante: «Il a fini par m'écouter. Je lui disais Marvin, tu chantes avec les yeux fermés, on a l'impression que tu fais ça en dormant. Tu peux améliorer ton allure, tu a les épaules et la tête en avant, dans les endroits les plus cotés du pays, il faut que tu aies de la classe. Du rythme mais pas de vulgarité.» Elle encourageait aussi les artistes Motown à ne pas «faire saillir leurs fesses». («Sinon vous donnere