A la lisière d'un paisible jardin de centre-ville, à l'ombre des immeubles de la Belle de Mai, dans le voisinage de l'avenue de la Révolution, l'atelier-studio, rangé avec des soins de vieux garçon, est clair et sans poussière. Pascal Perez, alias Imhotep, élevé au rang «d'architecte sonore» par les pharaons rap d'IAM n'en poussera la porte qu'en début d'après-midi après le lent rituel du thé à la menthe. Avant de s'asseoir avec lui à la table de mixage, il faut cheminer sans hâte dans l'intimité d'un musicien qui s'est acclimaté à l'ombre et n'a pas le coeur au bord des lèvres quand il s'agit de se raconter. On passe ainsi, dans l'éclatant silence de midi, du hamac écrasé de soleil à la fraîche cuisine où déjeune son jeune fils, du repas en terrasse à la table brûlante du jardin, de l'enthousiasme du visiteur («un havre de paix!») à l'accablement d'une conversation oppressée par la menace du fascisme. Ce soir, à l'heure de l'apéro, Imhotep sera d'un meeting au théâtre Tourski («j'aime mieux te dire que les mecs sont chauds»). Et quand il parle de son jardin discret de ce Belleville sur Marseille, c'est avec des mots d'assiégé: «La situation est tellement tendue dans le quartier que les gens vont finir par tirer. On se regarde tous en chiens de faïence, on ne sait plus qui est qui. Quand je vais à Vitrolles, je croise des types avec des tee-shirts "Fier d'être français. Souvent, je me dis que je vais partir d'ici, emmener ma femme et mon fils et revenir me battre. Ceux dont
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par Laurent RIGOULET
publié le 19 avril 1997 à 0h42
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