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Libération
Reportage

19es Transmusicales de Rennes. Le post-rock, et après?

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Inventaire des curiosités tendances vues à Rennes.
publié le 8 décembre 1997 à 15h18

Une voix blanche sur un glacis de guitare: «C'est un reflet de vous-même que propose notre musique. Est-ce que cela répond à votre question?» Il est deux heures du matin, dimanche, salle de la Cité, dans les hauteurs de Rennes, et il faut quelques minutes aux observateurs les plus initiés pour comprendre qu'ils se sont fait piéger par Tortoise, émissaire de l'avant-garde américaine. Ces bribes de discussion qui passent entre deux morceaux en boucles mécaniques, tronquées, distordues, sont des extraits de la conférence de presse que le groupe de Chicago a donnée en fin d'après-midi dans les jardins givrés du Thabor. Une poignée d'irréductibles demandait, au saut de l'avion, à ces six garçons, qui semblent sortis d'une classe de «prépa», de mettre des mots sur l'abstraction de leur musique. La conversation est restée d'une distante courtoisie, les Américains l'ont enregistrée sans s'en cacher et elle flotte à présent dans l'espace embrumé de la salle de concert. Cliniquement découpée en équations froides («nous apprenons à user de votre instrument pour mieux vous exprimer») cette mise en abyme ne fait que renforcer la perplexité du public des Transmusicales, qui attendait de pied ferme l'apparition de Tortoise. L'événement tourne court. Après un accueil triomphal, la salle se détache peu à peu de ces garçons rusés.

Passé l'éclair d'une belle mise en train hypnotique, il ne survient pas grand-chose dans un concert de Tortoise, élevé au rang de chef de file novateurs d'un mouveme