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Portrait

Doc Gynéco, Le prince des lascars.

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A 23 ans, le rappeur cartonne dans la racaille et s'apprête à fêter à l'Olympia l'abolition de l'esclavage.
publié le 25 mars 1998 à 21h21

Doc Gynéco. «Le rap, ma mère connaît pas. Elle regarde juste si son fils reste poli à la télé. Elle trouve que je devrais pas dire de trucs sur les Blancs. Elle a pas envie d'avoir des problèmes avec la police ou les gens de l'immeuble. C'est-à-dire les Blancs. Les seuls que je connaisse, à part ceux des maisons de disque.» (Bruno Beausir, 23 ans, dit Doc Gynéco. Décor, les bureaux neufs de son manager, Secteur A, 19, rue Edouard-Branly, Sarcelles. Noir-rouge-gris, une succursale de la Société Générale. A côté du commissariat. En zone franche, net d'impôts).

Le barman du Celtic. «Le petit Bruno, c'était mon voisin dans la tour, rue de la Chapelle. Je l'emmenais à l'école, avec mes enfants. C'était un petit garçon très sage, très timide.» (Bertrand, barman, 89, rue de la Chapelle.)

Timide Gynéco. «Je suis allé à l'école de la rue Charles-Hermite, puis au collège Maurice-Utrillo, puis au lycée boulevard Ney. Les mères antillaises, elles sont carrées, carrées. Faut pas emmener chez elle ni de PV ni de police, faut travailler, si possible dans l'administration. Ma mère est assistante sanitaire et sociale, elle est de Basse-Terre, en Guadeloupe. Les hommes, chez nous, c'est des vagabonds, un peu. Mon père? Il est entrepreneur. Quel genre? Entrepreneur. Mon père, j'arrive pas à parler de ça.» (Même lorsqu'il marche, Bruno Beausir penche la tête de côté, comme un type à qui on tresse des locks. Ou comme un timide de l'espèce provocatrice.)

Ali, acolyte d'enf