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Libération
Critique

Porto Rico la noire, tambours battants.

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WORLD. A découvrir au festival Rythmes Caraïbes, à Paris, deux symboles musicaux de l'identité de l'île, la bomba et la plena.
publié le 22 mai 1998 à 1h52

Sur l'île caraïbe de Porto Rico, qui célèbre cette année le centenaire de son indépendance (ou, du moins, du départ des colons espagnols), l'esclavage fut aboli en 1873, un quart de siècle après les Antilles françaises. Les traditions musicales des descendants d'esclaves y ont moins bien survécu qu'à Cuba, par exemple, et, même si, dans le discours officiel, la bomba, accompagnée de tambours, et la plena, dialogue entre un choeur et un soliste rythmé par le tambourin, font partie des symboles de l'identité nationale, ces rythmes et les derniers musiciens qui les pratiquent ne bénéficient guère de soutien public. Dimanche, le public parisien aura le privilège de découvrir, pour la première fois en Europe, ce visage noir méconnu de Porto Rico, avec le groupe Afroboricua, mis sur pied par William Cepeda.

Mélange de styles. Tromboniste très demandé dans les milieux du jazz et de la salsa, Cepeda s'est investi avec passion dans cette aventure. Né à Loiza, la ville la plus noire et la plus roots de l'île, il a baigné pendant toute son enfance dans l'ambiance des tambours. «Loiza est la dernier endroit de Porto Rico où l'on danse encore la bomba pieds nus», explique-t-il. Afroboricua (les Boricuas sont les natifs de Borinquen, le nom indien de Porto Rico) rassemble quelques-uns des meilleurs musiciens traditionnels du pays, ce qui ne fut pas une mince affaire. «A Ponce, Loiza, Santurce ou Mayaguez, on joue la bomba et la plena, explique le tromboniste, mais chacun l