Demain, exactement, Mick Jagger fêtera ses 55 ans. Son damné jumeau, Keith Richards, attendra Noël. Mais les Rolling Stones courent toujours les stades, comme si le temps était vraiment de leur côté.
Autant les Beatles n'ont jamais été un groupe de scène, les hurlements hystériques submergeant leurs harmonies, autant les Stones ont bâti leur légende sulfureuse au contact. C'est sur ce terrain, plus que dans le champ discographique où, à quelques chansons près, les Stones n'ont plus rien inventé depuis leur Exile on Main Street , qu'ils ont donné un sacré coup de vieux à la concurrence. Au fil des décennies, Clash, Police, INXS, U2, REM, Oasis, tous les prétendants au titre de «plus grand groupe de rock du monde» ont jeté l'éponge.
Voilà trente-cinq ans que les concerts des Stones rameutent la terre entière. Il fut un temps où chacun d'eux rassemblait toutes les énergies du moment. Au son de Street Fighting Man, le Palais des sports encerclé par 3000 CRS, Paris brûlait toute la nuit. A Altamont, au rythme obsédant de Sympathy For The Devil, un Noir poignardé par les Hell's Angels sonnait le glas de l'idéalisme de Woodstock.
A Hyde Park, l'hommage à Brian Jones entamait la litanie des Janis, Jimi ou Jim Morrison. Sexe, drogue, prison, diable, les Stones révélaient leur époque avec un train d'avance. Les teenagers s'emparaient de leur musique pour mieux exclure leurs parents.
Deux générations plus tard, les pré-punks décadents de Beggar's Banquet s'exilent pour raisons fiscales