Dévisagement comparatif. Est-ce que les chiens font des chats? Plutôt, non. Peut-être, oui. Adam, le fils, affiche la baby-face un peu soufflée de celui qui hésite encore entre faire tueur de vieilles lunes et effrayeur de jeunes dames. Un charme psychopathe où entrent à la fois l'effarement d'un regard déstructuré et l'espièglerie cicatrisée du bon temps jamais à perdre. Léonard, le père, lui oppose un hiératisme de faux sage, une impassibilité réfrigérante de moine défroqueur d'insolences, un éloignement surjoué d'homme à femmes qui ne le leur avouerait jamais. Ce qui les unit n'est donc pas particulièrement physique, même s'ils semblent avoir cette même capacité à assombrir l'instant pour mieux chromatiser l'avenir. Ce serait plutôt un génie du renversement des formules, une habileté à couper les cheveux et la langue en quatre. Sinon, Adam commence à faire chanteur et aime la poésie quand Léonard est un poète-chanteur célébré. Sinon, Adam sort son premier CD quand Léonard est en préretraite bouddhiste. Sinon, Adam revendique une filiation quasi idyllique. Et assure que Léonard se félicite de sa descendance. Propos légitimateurs prêtés par le fils au père: «Mon fils vient de ma maison mais il habite dans la sienne.» Ou encore: «Je suis très content qu'Adam ne soit pas une mauvaise herbe à l'ombre de mon arbre.»
Dans l'enfance, Adam a surtout une mère. Ce n'est pas la Marianne de «So long Marianne», la fille blonde de la pochette du premier disque de Léonard, celle où il y a