Menu
Libération
Portrait

Zoulou solitaire

Article réservé aux abonnés
Que deviennent-ils? Johnny Clegg, 45 ans L'ex-rock star mondialiste n'a pas trouvé son second souffle depuis la fin de l'apartheid.
publié le 24 août 1998 à 8h11
(mis à jour le 24 août 1998 à 8h11)

Pourquoi Johnny Clegg, étendard rock mondialiste des années 80, est-il aujourd'hui si terriblement ringard? D'une obsolescence telle que lui poser frontalement la question reviendrait à commettre un impair. Sans compter la faconde du personnage, sorte de Popeye pétillant à qui d'emblée la franchise fait dire: «En Afrique du Sud, on me considère comme un retraité.» Là-bas, son dernier album Crocodile Love n'a pas marché, pas plus qu'ici où pourtant Johnny Clegg revient exhiber ses pantalons bariolés pour une tournée d'automne. Rien qu'en France, le «Zoulou blanc» vendit, il y a quelques années de cela, plus de trois millions d'albums. C'était les prémices de la «charité musicale». Les rockers trouvaient de quoi soulager leur mauvaise conscience de millionnaires via l'Ethiopie, la forêt amazonienne, le rideau de fer ou l'apartheid.

Au palmarès du combat, Johnny Clegg l'inconnu les surpassa tous ­ plus crédible que Sting, plus exotique que Bob Geldof, bref, légitime. Sa musique aussi, bien qu'épaisse, portait l'estampille de l'authenticité, celle des mélanges entre rythmes africains et mélodies pop. Au début des années 90, deux krachs ébranlèrent la petite entreprise Clegg. Le premier fut artistique: l'émergence du grunge rendit caduc le rock d'antan, quand le rap fit son succès sur l'appropriation d'une identité noire. A l'aune de ces deux radicalités, le métissage consensuel de Johnny Clegg prit un sacré coup de vieux. Le second choc fut pire encore. «Depuis Berlin, Tiananmen,