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Libération
Critique

Placebo, en effet.

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Brio, arrogance, ambiguïté: le deuxième album du trio londonien assoit sa singularité.
publié le 12 octobre 1998 à 13h02

Dans le bar de cet hôtel parisien très en vogue, Brian Molko ne dépare pas. Les actrices à la notoriété naissante y croisent des affairistes à cigare, on y parle bruyamment et, si possible, en anglais. Carré à l’angle d’un canapé, le visage à moitié mangé par une plante verte, le chanteur de Placebo affiche une morgue un peu lasse.

«Lessivé», le groupe qui depuis deux ans n’a cessé de faire fructifier sur scène l’engouement suscité par son premier disque publie, ces jours-ci, Without You I’m Nothing. Un deuxième album bâti sur des préceptes qui établirent leur fortune: une once de punk, quelques accents glamour, de solides bases new wave. Et, par-dessus tout, la voix rugueuse et stridente d’un Brian Molko aux airs de fille. Dont l’évanescence étudiée – cils papillonnants, ongles peints – masque à peine le besoin d’en découdre. «On met la barre très haut. Cet album est fini depuis six mois, on a déjà commencé le troisième. On ne peut pas s’arrêter de travailler.» Ce stakhanovisme, agrémenté d’un solide sens de la provocation, font de Placebo l’un des groupes les plus adulés et les plus honnis d’Angleterre.

Malaise entretenu. Depuis des mois, Brian, Stefan et Steve peaufinent sous l’œil des tabloïds leur mixture salace. Référence absolue en la matière: Bowie, période Ziggy Stardust. «En rock, quelques-unes des meilleures choses ont été bâties sur une imagerie gay. L’esthétique hétérosexuelle ne nous intéresse pas. Elle est bien trop restrictive.» Bria