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Libération
Interview

Thiéfaine remplit Bercy en catimini.

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CHANSON. Sans esbroufe médiatique, le concert du quinquagénaire lunaire affiche complet.
publié le 11 décembre 1998 à 19h19

L'homme qui se présentera ce soir à Bercy devant 17 000 personnes s'expose depuis plusieurs jours sur les affiches annonçant le spectacle, mais de dos. Manière de rappeler que, pour avoir toujours fait partie de la scène française depuis vingt ans, Hubert-Félix Thiéfaine n'en a jamais pour autant intégré la moindre fratrie; jusqu'à cultiver, plus ou moins volontairement, une image de misanthrope. Une distance cependant toute relative, si l'on se réfère aux états de service du Franc-Comtois, qui aura ramé quelques années avant de se constituer un solide fonds de commerce, fixé sur une douzaine d'albums studio (plus de trois millions de disques vendus) et, surtout, des tournées itératives, aussi discrètement relayées sur le plan médiatique que massivement suivies par un nombre croissant de fidèles. Parangon d'une certaine conception de la chanson propre à fédérer un public jeune ­ matériau rock, image intègre poussée sur un terreau provincial, thématique sombre ­, Thiéfaine aura réussi, dans son éloge de l'individualisme, à cristalliser quantité d'états d'âme adolescents autour d'une écriture ultrapersonnelle (un diseur de phébus, opposeraient ses détracteurs), mêlant éléments surréalistes et humeur saturnienne.

Toujours en vigueur depuis la fin des années 70, Thiéfaine continue non seulement d'évoluer (ses deux derniers CD, la Tentation du bonheur et le Bonheur de la tentation, constituent un curieux exercice de style bicéphale), mais il s'offre (comme Florent Pagny ou les 2B3