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Libération
Interview

A l'aise Boulez.

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Entretien avec le chef français à l'occasion de la sortie d'un nouveau CD Ravel.
publié le 25 décembre 1998 à 17h34

Soleil d'hiver sur les bords du lac Michigan. Face au Chicago Art Institute, le Symphony Hall, résidence du Chicago Symphony Orchestra désormais sous l'autorité de Daniel Barenboïm, peut faire rêver les mélomanes français. Majesté des proportions, acoustique claire, on est loin de la calamité Pleyel ou du Théâtre des Champs-Elysées surchauffé et à l'acoustique trop sèche. Premier chef invité, Pierre Boulez dirige comme tous les ans plusieurs programmes, dont certains enregistrés pour Deutsche Grammophon, avec lequel il a entrepris de réviser ses «classiques» du siècle, mais aussi d'affronter Mahler. Il y a quelques semaines à Paris, il donnait une leçon de musique éblouissante à la Cité de la musique, en dirigeant «son» Ensemble intercontemporain dans Explosante-Fixe et la création de Sur incises.

A Chicago, il donne, Messiaen, Stravinski et Bartok avec le violoniste Gil Shaham. Pour les Français, Boulez reste un grand manitou autoritaire et intransigeant. Pour les musiciens du Chicago Symphony, il est juste «trop cool». Disponible, attentif, malgré deux répétitions par jour, un concert le soir et des dîners avec des ingénieurs du son. A 71 ans, Pierre Boulez est au sommet de ses moyens musicaux, mais a su rester impeccablement jeune homme. En attendant son Répons à paraître en début d'année et le disque Bartok enregistré à Chicago avec Shaham, on évoque dans sa loge son dernier enregistrement Ravel avec le pianiste Krystian Zimerman, autre «monstre» de perfection analytique.

Cette réputation de chef «analytique», ces accusations de formalisme depuis vos débuts, ça vous irrite?