On l'a connu plus fier. RZA, maître d'oeuvre du Wu Tang Clan, phénomène rap des années 90, ne s'enflamme que modérément quand il évoque Bobby Digital son premier film. L'heure plutôt matinale et la présence de complices goguenards dans les bureaux new-yorkais de Gee Street Records n'expliquent pas tout. «C'est un coup d'essai, dit-il. Il ne faut pas trop m'en demander. Je suis producteur, réalisateur, interprète principal et j'ai tout appris sur le tournage"»
C'était au coeur d'un univers qu'il connaît bien, entre cités et friches industrielles, dans la périphérie de New York. Le plateau était ouvert à la grande famille du Wu Tang. Même les filles, tenues à l'écart des enregistrements du groupe «pour cause de discipline», étaient les bienvenues. «Pendant plus d'un mois, j'ai vécu dans la peau de mon personnage, j'étais libre, j'ai rarement autant baisé, plastronne-t-il. Le cinéma, c'est une manière de donner vie à nos fantasmes"» Avant de se lancer dans l'aventure de Bobby Digital, RZA n'avait d'ailleurs pas d'autre idée que l'envie de faire un film. Il a fait le voyage jusqu'à Hollywood et décroché quelques rendez-vous dans les studios de plus en plus soucieux de toucher le «jeune public urbain». Lors des réunions, sa décontraction déroutait ses interlocuteurs, il est reparti bredouille. «Je leur disais: "Passez-moi deux ou trois millions de dollars et je vous fais un film! Mais vous savez quoi? Les mecs font comme s'ils voulaient un script et vous enfument avec