C'est sûrement le raccourci le plus rapide pour remonter le cours du rap français. Une centaine de mètres à peine. Du Vieux-Port au Vieux-Port, de la mer à la mer, d'un angle de la Canebière aux contreforts de la rue de Breteuil. Le pôle du hip-hop marseillais s'est à peine déplacé. Au tournant des années 90, comme si c'était hier, le cercle d'IAM avait tracé là son périmètre, une «zone d'inactivité» où tuer le temps en tirant des plans sur la comète, s'embrouiller avec les marins américains aux plus mauvais jours de dèche. Aujourd'hui, ils y ont installé leurs bureaux, murs blancs, salles de réunions vitrées, dans un immeuble d'affaires cossu, à un jet de pierre du bar bleu-blanc de l'OM, au coeur d'un quartier qui affiche en vitrine les poussées de dynamisme de l'économie locale. Leur dernier album, l'Ecole du micro d'argent, approche le cap du million d'exemplaires. Côté Obscur, la société dont Akhenaton, Shurik'N, Kheops et Imhotep sont les quatre actionnaires, produit son deuxième groupe, le 3e oeil, après le succès de la Fonky Family. Les quatre membres du groupe ont aussi monté leurs propres structures. Les albums se suivent sur un rythme soutenu et les disques d'or s'enchaînent.
L'explosion hip-hop «Pas un flop à Marseille», dit un membre de la Fonky Family. Une vingtaine de groupes sont à même d'enregistrer aujourd'hui et ça pousse derrière.» Vu comme ça, c'est un idéal de success story. Mais les nombreux artistes marseillais qu'on verra