Sur le quai du métro, ce dimanche après-midi, une dizaine de jeunes gens enfilent des coupe-vent frappés du sigle «Double H street marketing». Direction les puces de Clignancourt. Le but: se trouver là où «ça bouge», pour distribuer quelques milliers de tracts. Cette très basique forme de démarchage retrouve ces temps-ci un nouveau souffle sous l'appellation de street marketing: en français, promotion dans la rue. Si le «tractage» en symbolise l'aspect le plus fréquent, d'autres moyens de toucher au plus près «la jeunesse urbaine de 12 à 25 ans» émergent ici et là. «Personne ne devrait sortir un disque avant de savoir ce que la rue en pense», dit Steve Rifkind, producteur du Wu Tang Clan et pionnier en matière de street marketing. Déjà rompus aux règles de la production et de la distribution parallèles, les acteurs du hip-hop réinventent aussi celles de la promotion.
Montreuil, au siège de Double H pour les deux «H» de hip-hop. La société montée par le DJ Cut Killer avec l'aide de ses deux frères s'est lancée, voici plus d'un an, dans le street marketing. Une poignée de personnes dirige ce nouveau secteur, qui couvre Paris et 22 villes de province. «Si on nous donne 100 000 tracts à distribuer, on en garde la moitié sur Paris-banlieue, le reste part en province. Des bénévoles travaillent pour nous, essentiellement le week-end, sur des secteurs très ciblés: les Halles, la Défense, Bastille, Clignancourt», dit Massita, l'une des «patronnes» du noyau parisien avec Samir, le fr