Pour saisir la philosophie de Percy Miller, alias Master P («Le P c'est pour profit»), il suffit d'un coup d'oeil sur une bande annonce précédant I'm Bout It, son premier film de fiction sorti directement en vidéo en 1997 (plus de 250 000 exemplaires vendus, succès équivalent, à l'époque, à ceux de Jerry Mc Guire et Jurassic Park). Dans le halo bleuté d'une image vidéo pas très clean, le «rapper-entrepreneur» de La Nouvelle-Orléans, filmé de nuit, un éclat égrillard dans l'oeil, explique comment il est entré, en moins de cinq ans, dans le cercle des dix plus grosses fortunes d'Amérique (selon le magazine Forbes): «Il y a des ghettos partout dans ce pays, pas seulement dans le Sud, je m'adresse à eux tous. J'ai même entendu dire qu'il y avait des ghettos en Europe, je vais pouvoir leur fourguer mes productions"» Rires" Sur ces entrefaites, le film qui a assis le style, la fortune et la réputation de celui qui veut être le «Bill Gates du ghetto», peut commencer: sur fond lancinant de gangsta rap, scènes de rue ordinaires dans les cités de La Nouvelle-Orléans, Calliope Projects, où Percy Miller a grandi («la capitale du crime», pose-t-il en voix off). Ambiance Scarface, tortures et mitraillages filmés à la va-comme-je-te-pousse. Plans de fête clandos où des filles viennent remuer leur cul contre la caméra pour faire la démonstration d'une spécialité locale (le «Pussy Hop» ou «danse de la chatte») «Nous voulons montrer l'autre côté des choses, la vie telle qu'elle est dans
Portrait
Violence, non-violence: deux visages du hip-hop américain : Master P comme profit
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par Laurent RIGOULET
publié le 26 janvier 1999 à 23h19
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