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Libération
portrait

Manu Dibango, titi africain

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Manu Dibango, 65 ans, musicien «world» hors mode, prépare un album de reprises de chansons populaires françaises.
(David Redfern/Photo David Redfern. Getty Images )
publié le 23 juillet 1999 à 0h01

A propos de Manu Dibango viennent à l'esprit quelques clichés, qui, mis à bout, finissent par donner une vision du monsieur assez précise. Il y a le rire, «plus éclatant que celui de Banania» dit-il un jour, la boule à zéro, qu'il porta bien avant les autres, et puis la silhouette imposante, celle d'un mastard à mi-chemin du catch et du sprint. Pour le reste, la musique, on hésite entre un diagnostic de franche ringardise et de flair certain. Qui serait en mesure de citer une seule de ses chansons (et pour cause, il ne chante que rarement), d'expliquer en deux mots son style (bâtard ou universel, selon le degré de persiflage)? Et pourtant on le connaît, comme une figure familière légèrement tremblée au fil du temps (il a déjà 65 ans), comme un vieil oncle toujours fringant qui ne se démodera jamais puisqu'il l'est depuis ses débuts, hors mode.

Manu Dibango habite un duplex aux derniers étages d'un immeuble moderne, il a fait sien ce quartier Gambetta où il aime jouer au flipper et tailler le bout de gras dans les bistrots. Mais là, chez lui, entouré des photos de sa femme, la blonde Coco partie depuis quatre ans, on le sent en transit. Il rentre de Finlande, d'Allemagne, de Tunisie; repart bientôt: «Je suis une tortue, ma maison est sur mon dos.» Beaucoup de disques de jazz, le saxophone doré qui habille le salon, et des Dunhill rouges fumées à la chaîne, contribuant à râper un peu plus une voix de basse toujours prompte à évoquer les souvenirs. Et il en a,