Sisyphe est un rocker. Plus de 100 millions de disques, près de 850 chansons, plus de 40 disques d'or, 20 de platine, plus de 100 tournées, 28 films, plus de 1 000 couvertures de magazines, des millions de mots. L'Alhambra, l'Olympia, le parc des Princes, Las Vegas, le Stade de France, en 2000, les Champs-Elysées: toujours plus énorme. «J'ai besoin de paris pour m'exciter. Jean-Jacques Goldman m'a écrit une très jolie chanson qui est tout à fait moi: Donnez-moi l'envie d'avoir envie. Plus moi que ça, on peut pas.» Et des amours, mariages, ruptures, divorces, deux enfants, deux petits-enfants. Une tentative de suicide. Des tombereaux de clichés. Il ne lui aura manqué qu'une interview par Marguerite Duras pour être canonisé. Un mythe, donc.
Johnny Hallyday s'avance dans un couloir sombre de l'hôtel Raphaël. Foulée déhanchée, le «Boss» se dandine un peu. Maigre, presque frêle, la chevelure roussie, T-shirt Armani, treillis, tennis blanches, lourd bracelet d'argent, un lion tatoué sur le bras. Sa voix de basse laisse percer des accents faubouriens (non pas «tûûûjûûrs», mais un son qui sonne juste un Paris en noir et blanc). Il se pose sur une bergère dans une sorte de bonbonnière, entre salle d'attente de notaire de province, velours fanés, peintures à la grotesque et salon de claque de haut vol: «Où sont les poules de luxe?» lance-t-il. Sur son portable à motif de guitare nacrée, il règle des détails domestiques, il est question de canapés" Couché à 4 heures ce mati