Foin de Ziggy Stardust, de Thin White Duke, de John Merrick alias «Elephant Man», ou même du neurasthénique Nathan Adler venu d'ailleurs. Si, soucieux de renforcer cette réputation de caméléon qui est la sienne depuis que l'affreux jojo David Jones se métamorphosa un beau jour en dandy Bowie, l'on devait aujourd'hui proposer de nouveaux oripeaux à celui qui revendique plus l'influence de Jacques Lecoq que celle de Bill Haley, il conviendrait sans doute de choisir un simple bleu de cantonnier. Comme l'inoubliable héros de Fernand Raynaud, David Bowie, quinquagénaire resplendissant aux faux airs de bohème (pull-over Saint-Germain-des- Prés, cheveux mi-longs plaqués derrière les oreilles, Marlboro light aux lèvres) ne cesse en effet de clamer qu'il est: «HEU-REUX!»
Heureux donc, mais aussi humble et souriant, attentif, presque attentionné, il s'empresse, dès les présentations, de laisser supposer à son interlocuteur que l'idée de s'entretenir avec lui le passionne au plus haut point. Mieux même, que sa journée (pourtant pluvieuse) ne pourra que se trouver illuminée par cette rencontre exceptionnelle. Attitude à laquelle, journaliste confirmé ou non, on a peu l'occasion d'être confronté, surtout quand on aborde la catégorie des lourds-légers. Mais qui débouche sur une certitude frôlant la fatuité: à savoir qu'on va non seulement passer un bon moment mais que celui-ci appelle la réciprocité. Bref que l'on peut s'estimer heureux. CQFD?
Selon «Q Magazine», on vous a aperçu chinant chez Bleeker Bob's, à Greenwich Village. Seriez-vous collectionneur de disques?
Depuis l'âge de douze ans je garde tout. Une vr