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Libération
TRIBUNE

Tout a été dit par Eddy

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De Giscard à Jospin, le rocker chronique les années de crise.
publié le 25 janvier 2000 à 21h42

Le spectacle à Bercy dans le sillage de son récent album, «Les nouvelles aventures d'Eddy Mitchell», braque à les projecteurs sur un rocker plus politique qu'on ne le pense souvent. «Politique» au sens d'une capacité rare à associer des inquiétudes existentielles (de celles qui vous taraudent jusqu'au petit matin au comptoir d'un bar) et des jugements critiques sur l'état du monde. Des années Giscard aux années Jospin, ses chansons ont accompagné les crises et les mutations de notre société dite «libérale», dénomination ambiguë qui associe de manière confuse les avancées des libertés individuelles (libéralisme politique et culturel) et la domination grandissante de la sphère marchande (libéralisme économique). Dans les portraits ou les mini-scénarios esquissés par ses textes, les individus, moins lestés qu'avant par des repères traditionnels, sont ballottés par des circonstances indépendantes d'eux, déboussolés par le cours pris par le monde et, partant, par leur vie, écorchés sentimentalement.

Eddy Mitchell décrit une économie aliénante («Société anonyme»), et pas seulement pour «les exclus», mais aussi pour ceux qui croient pouvoir surnager («J'ai perdu l'sens de la grammaire/J'suis retourné à l'ère primaire/Mes pensées sont banales/Enrichissantes, certes, mais vénales/Golden Boy, j'suis dans les affaires/J'côtoie les grands de cett'Terre»). Et puis il y a tous ces rouages de la machine à fric transformés en quasi-loosers («J'ai des goûts simples, j'aime le meilleur/Mais mo