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Critique

Jazz et Afro Beat, un mariage à perdre Allen.

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World-jazz. Tony Allen, l'ex-batteur de Fela, en concert ce soir à Créteil avec le saxophoniste magyar Akosh S.
publié le 4 février 2000 à 22h26

Les festivals font souvent office d'entremetteurs entre les groupes et les musiques, pour des résultats parfois foireux. Mais la rencontre entre Tony Allen et Akosh S., au festival Sons d'Hiver, est plus qu'un mariage arrangé, et on jubile à imaginer l'explosion probable entre deux musiciens aussi corrosifs. D'un côté l'ex-batteur de Fela, le grand Tony Allen, qui ne manque pas de rappeler qu'il est l'inventeur de l'afro-beat, et revient d'un presque-oubli sur la vague nigériane actuelle. De l'autre, l'un des musiciens les plus géniaux de la scène jazz européenne, le saxophoniste hongrois Akosh S., installé en France depuis quatorze ans.

Décalages. Aucun parallélisme pourtant dans leurs histoires, ni dans leurs caractères ­ l'un est un jeune loup punky, l'autre un vieux renard aux allures hautaines. Ces dix dernières années, tandis qu'Akosh traînait les cafés et jouait pour qui voulait l'entendre, Allen s'enfermait dans un amour-propre blessé et des productions pompeuses. Aux dernières nouvelles, tous deux ont sortis d'excellents albums: celui d'Akosh S. (Elettér) percute le folklore hongrois avec une approche free ébouriffante; quant au Black Voices de Tony Allen, il évoque plus la scène anglaise (trip-hop, drum and bass") que le foisonnement nigérian. Sans doute la production de Doctor L. y est-elle pour beaucoup: le travail d'Allen y est désossé, ses éléments les plus originaux extirpés du groove et mis en exergue sur des basses remarquablement pleines et