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Libération
Portrait

Au village sans prétention.

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Francis Cabrel, 46 ans, chanteur au succès flamboyant, ne conçoit le bonheur que planqué et sédentaire.
publié le 15 février 2000 à 22h16

Certains vous font croire qu'il y a des choses cachées derrière les choses, que leur carapace mérite d'être percée, leur négatif révélé. Avec Francis Cabrel, c'est tout le contraire. Il disparaît derrière ses évidences: discrétion, artisanat, modestie, ruralité, flegme. Et le pire, c'est qu'il ne vous la raconte pas. Qu'il n'y a pas de cache secrète sous les lames de son parquet. Juste la facilité de coïncider avec sa (bonne) réputation pour mieux s'en retourner rêvasser tranquille au fond de son jardin du Lot-et-Garonne, entre ses guitares et ses ânesses.

Pourtant, le succès" Grosses ventes (2 millions d'albums pour Sarbacane, 3 pour Samedi soir", déjà 1,5 pour Hors saison), record de diffusion à la radio, «guignolisation» en regretteur du «c'était mieux avant», et possibles Victoires de la musique. Et c'est sans doute parce que Cabrel est l'exact inverse de la rock star trépignante et destructrice qu'il est raccord avec une époque où la middle-class se découvre très middle-age, et s'étonne de s'inquiéter de qualité de l'air, de standards d'éducation et de solidarités intergénérationnelles.

Un studio de répétition, pas loin d'Orly. Ensuite, il ne traînera pas, il ne veut pas louper le dernier avion pour Agen. Cabrel est plus qu'un enraciné, plus qu'un sédentaire, c'est un immobile. Il a grandi à Astaffort, 2 000 habitants. Il est revenu s'y installer dès qu'il a pu fuir Paris. Il y élève ses deux filles, il y vieillira. Il n'a strictement rien de l'artiste bourlingueur puisan