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Libération
Critique

Jazz. Ellington aux bons soins du Dr. John.

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L'ex-grand prêtre du rock vaudou rend hommage au Duke.
publié le 7 mars 2000 à 23h01

Si l'on s'en tient strictement aux faits, l'un n'est qu'un charlatan et l'autre un roturier. Malcolm Rebennack n'étant pas plus docteur qu'Edward Kennedy Ellington à la tête d'un quelconque duché. Pourtant, chacun dans son domaine, ces deux usurpateurs ont réussi à imposer leur nouvelle identité. Il était donc fatal qu'un jour, leurs chemins viennent à se croiser: «J'ai rencontré une seule fois Duke Ellington, dans un avion. Frappé par l'impression de classe naturelle qui émanait de sa personne, j'ai immédiatement compris le pourquoi de son surnom: Duke Elegant.» D'où le titre de l'ultime enregistrement du touche-à-tout néo-orléanais, dédié à la mémoire (et à l'oeuvre) du compositeur washingtonien, dont il a adopté au passage le célèbre slogan: «It don't mean a thing (if it ain't got that swing).»

Swing infaillible. Or, en terme de swing, Dr. John Creaux The Night Tripper est infaillible, qui a passé son enfance à fouiller dans les bacs de la boutique de disques paternelle jusqu'à devenir incollable en matière de musique gumbo. Ne voit-on pas en lui le chaînon manquant entre Professor Longhair et Allen Toussaint? Deux mythes louisianais que Mac Rebennack a eu l'occasion de côtoyer, puisque, à 15 ans, il enregistrait déjà au côté du Professeur le célèbre Mardi Gras in New Orleans: «Bien que pianiste de formation, je m'étais reconverti à la guitare après avoir découvert Art Tatum. J'ai eu l'impression que celui-ci avait vingt doigts.»

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