Vagabond, avec sautes d'humeur, musiques en demi-teintes, textes haut de gamme, évocations nostalgiques et embarquements immédiats, l'album porte bien son nom. La pochette donne le ton: une Françoise irradiante et sépulcrale saisie par le fidèle Jean-Marie Périer («J'avais l'impression d'être sur mon lit de mort.»). Les treize titres (4 duos, 5 reprises, 2 adaptations, 6 compositions) gagnent en cohérence au fil des écoutes.
Clair-Obscur s'ouvre sur Puisque vous partez en voyage, une chanson de Jean Nohain et Mireille dont Françoise était la protégée au Petit conservatoire de la chanson. Un marivaudage sur mesure avec Dutronc, premier titre enregistré, dernier mixé. Le fiston est à la guitare, le couple n'avait pas chanté ensemble depuis Brouillard dans la rue Corvisart (1978). Toujours années 30, une adaptation de Tears de Django Reinhardt (Tous mes souvenirs me tuent). Un second duo envoûtant (celui qu'elle préfère) avec Ol (pour Olivier Ngog), jeune Camerounais que lui a présenté Alain Lubrano. Puis Clair-Obscur, chanson clé transparente: «Je n'aime rien tant que la fêlure.» Suit Un homme est mort, sur un tempo lent de José-Maria Cano, leader du groupe espagnol Mecano, et Duck's Blues de Hardy/Lubrano, tandem impeccable du Danger, l'album précédent. Retour aux standards: I'll be seeing you, avec Iggy. Tu ressembles à tous ceux qui ont eu du chagrin, complainte maison de 1970 «et comme tous les gens qui ont eu du chagrin/Ton visage souvent a l'air dur et lointain», sur les