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Critique

João Gilberto, le mythe intact

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Festival. L'immense Brésilien jouait à Barcelone, après onze ans d'absence en Europe.
publié le 15 juillet 2000 à 2h17

Il est 22 h 30 mardi et le suspense touche à sa fin. Dans quelques minutes, le public saura si l'«événement» a lieu. La venue pour deux uniques concerts du dernier mythe de la musique brésilienne, l'homme qui lança en 1958, avec son 78 tours Chega de Saudade, chanson signée Antonio Carlos Jobim et Vinicius de Moraes, la révolution de la bossa-nova. Sa dernière visite en Europe remonte à 1989. Et c'est seulement à Barcelone qu'il a prévu de se produire cette année, dans la foulée du sublime Voz e Viola (Verve/Universal), son premier album depuis 1991. Pourquoi seulement ici ? Est-ce son admirateur (et producteur) Caetano Veloso, amoureux de la ville, qui l'a décidé à quitter sa retraite carioca ? Ou le désir de chanter, à 69 ans, pour la première fois en Espagne ?

Réputation. On sait par la presse du matin qu'il est arrivé en ville, qu'il a même acheté une guitare. Alors, pourquoi s'inquiéter ? Parce l'homme a sa réputation. On le dit capable de rester barricadé dans sa loge et de refuser de chanter alors que la salle est pleine (Rome, 1984) ; de partir après trois chansons parce que la climatisation le dérange (Lisbonne, 1989), ou que le son lui déplaît, ou qu'un spectateur s'avise de tousser. Tout amateur de musique brésilienne connaît ces anecdotes ­ probablement très exagérées ­ qui tissent la légende de João Gilberto.

Le concert a lieu au Teatre Grec, amphithéâtre à ciel ouvert d'une capacité de 1 900 places, taillé sur un flanc de la colline de Montjuich,