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Libération
Critique

Conseil de famille

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publié le 9 février 2001 à 22h46

Il y a une quinzaine d'années, à quelques mois de distance, Johnny Hallyday tourne deux films. Dans Détective, sous la direction de Godard, il s'en tire grâce à une sorte de minimalisme végétal qui le fait ressembler tantôt à une carotte de série B, tantôt à une chaise qui parle. Dans ce thriller hôtelier, de toute façon, seuls les couacs inattendus d'un Léaud en pleine période Le Vigan donnent un semblant de vie à une déroute qui remonte à Sauve qui peut (la vie), le dernier film vaguement consistant que Godard ait réussi à produire après les fulgurances de ses séries télé, Six fois deux (1976) et France tour détour, deux enfants (1979). Dans l'autre film qu'il tourne en 1985 avec Costa-Gavras, Conseil de famille, Johnny Hallyday est au contraire formidable. On peut parier qu'il ne retrouvera jamais cette grâce naturaliste, cette élégance presque spontanée qui étonne de la part d'un «acteur» réussissant à parler faux même en interview.

La mélancolie, au fond, c'est le vrai sujet de Conseil de famille. Derrière un scénario-prétexte (la vie d'une famille de voleurs), il y a un vrai désir de déplacer systématiquement le centre de gravité, de raconter aussi subjectivement que possible comment quatre ou cinq personnes regardent les années passer. La famille esthétique du film, c'est un certain naturalisme poétique représenté à l'époque par quelques disciples populistes de Pialat, en particulier Daniel Duval (l'Ombre des châteaux, 1977) et Mehdi Charef, dont Costa-Gavras et sa fem