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Interview

Pierre Boulez : «Des monuments du XXe siècle»

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Classique. Pierre Boulez dirige le cycle Béla Bartók au Châtelet.
publié le 8 juin 2001 à 1h10

Entamé il y a quelques mois, le cycle Bartók donné par l'Orchestre de Paris sous la direction de Pierre Boulez aura offert des sommets. Mercredi soir, après un Prince de Bois stupéfiant de verticalité et de puissance analytique, le chef accueillait dans le Concerto no 2 le violoniste Gil Shaham, meilleur de sa génération par l'aisance d'un archet économe, la profondeur de l'intonation, la capacité à concilier attaques incisives et vibratos aussi suaves que parfaitement gradués. Une leçon, malgré un rendu acoustique peu satisfaisant qui rappelle que Paris attend toujours sa salle de concerts. Et l'occasion de revenir, avec le chef et compositeur français, sur Bartók, qui demeure avec Stravinski, Ravel, Debussy et la seconde Ecole de Vienne, l'un de ses musiciens fétiches depuis un demi-siècle.

Votre premier Bartók?

La Sonate pour deux pianos, que j'ai entendue à l'Ecole normale de musique en 1945. Le premier mouvement m'a impressionné par sa vitalité, la nouveauté de son langage rythmique, cette façon de combiner les sonorités du piano avec la percussion, instrument inusité à l'époque

Diriez-vous que son langage rythmique était plus complexe que celui de Stravinski?

Il y a incontestablement beaucoup plus de contrepoint et de polyphonie dans Bartók.

Que pensez-vous de la façon dont il a modifié l'écriture pour cordes?

Ses quatuors demeurent un monument du XXe siècle. Il en a composé six, sur toute sa vie, ce qui permet de suivre l'évolution de sa technique, et en cela il est proche de Beethoven. Du point de vue des modes de jeu, il est en revanche très novateur, même s'il s'inspire du style folklorique. On sent un raffinement croissant dans la forme,