Menu
Libération
Portrait

Marie-Reine Wallet, changez à Opéra

Article réservé aux abonnés
Marie-Reine Wallet, 43 ans, diva du métro, station Auber, entame avec son agent une carrière de cantatrice populaire.
publié le 15 décembre 2001 à 1h58

Elle se souvient de leurs visages. Le jeune homme qui pleurait, assis sur sa valise. La dame qui lui a glissé un bout de papier plié en quatre: «Merci». Sous la voûte de la station Auber, les aigus s'envolaient comme dans une cathédrale. La Bohème de Puccini. L'Ave Maria de Schubert. A l'époque, elle était encore en dépression. «Toute cette souffrance que j'avais accumulée, je la ressortais par le chant.» Marie-Reine Wallet, 43 ans, soprano lyrique colorature, est «descendue» dans le métro en juillet 1999. Elle y a chanté un an. Puis sont venus les gros titres. «La diva du métro», «Un rêve se réalise». A la télé, la radio, c'était un «conte de fées». «Un impresario a succombé à sa voix.» «Un prince charmant la sort du métro.» Benoît Vautier, 37 ans, vendeur de portables, devient son agent-âme soeur, organise des concerts dans des théâtres de la région parisienne. Et ils vécurent heureux. «C'est presque ça», murmure-t-elle d'un faible sourire, fine silhouette emmitouflée dans un châle, tassée dans un canapé du studio de son «sauveur».

Sa mère avait dit: «Si tu veux chanter, vas-y.» Sa mère l'écoutait toujours. Elle l'avait baptisée Reine, cette petite dernière non désirée ­ «elle est tombée enceinte à 41 ans, elle avait peur de laisser sept orphelins» ­, enfant miracle, chérie et trop couvée. «Marie-Reine, pour sa mère, c'était tout», raconte Bernard, beau-frère et confident. «Ma mère, je vivais à travers elle, elle me suffisait.» Le père est chef de gare à Montmorency, puis à