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Libération

La génération qui parle en chantant

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Rencontre avec ces nouveaux artistes qui privilégient le phrasé et le texte.
publié le 4 mai 2002 à 23h20

Et si, dans la chanson française, une nouvelle école était en train de naître : le «parlé-chanté» ? Cette façon de faire, privilégiant et systématisant le phrasé, jusqu'à désinvestir le chant, s'ouvre manifestement à une ribambelle de jeunes premiers en rupture. Quitte à n'être une nouvelle mode qu'en apparence...

Qu'est-ce au juste ? Longtemps l'apanage des Ferré, Reggiani, Barbara, Brigitte Fontaine ou Bashung, c'est par exemple la rencontre de Serge Gainsbourg et Marilou, la coiffeuse de l'Homme à tête de chou. La voix est posée, l'intonation théâtrale, le chant absent. Il y a une dizaine d'années, Dominique A ouvrait les rangs avec le mouvement «bébête». Désormais, chez Encre, Mendelson, Expérience, Yvan Hio, François Audrain, Programme ou Renaud Papillon Paravel, l'approche conventionnelle du chant se contourne pour débiter de longues tranches de texte sur un ton monocorde. A la croisée du hip hop et des musiques digitales, le parlé-chanté évolue autour d'enrobées électroniques, saynètes réalistes, dialogues cinématographiques et poésies rimbaldiennes. Décryptage.

La pose : l'antichanteur touche-à-tout

Les adeptes du murmure s'opposent à une tendance qui considère la voix sous un angle exclusivement sportif. «Incon sciemment, c'est un refus de Céline Dion et des autres, confirme Michel Cloup, d'Expérience. Plus largement, le mélange de la chanson française et du rock me gêne un peu. Le recours au parlé-chanté est l'affaire d'une génération, moins ancrée dans le passé et qui s'affranchit de la tradition des cha