Avec une quarantaine de manifestations, rencontres et performances pluridisciplinaires, réparties sur sept lieux parisiens (dont le centre Pompidou, les Bouffes du Nord, la Cité de la musique et le Forum des images), le festival Agora de l'Ircam, qui s'est ouvert ce week-end à Paris, peut s'enorgueillir de présenter le panorama le plus exigeant de la création musicale et chorégraphique contemporaine.
De Helmut Lachenmann à Marco Stroppa, de Mathilde Monnier à Dimitri Chamblas en passant par des films inédits de Hal Hartley, Nicholas Roeg et Werner Herzog et des conférences de Jean-Luc Nancy, l'édition 2002 programmée par Eric De Visscher, sous la houlette de Laurent Bayle qui a pris il y a quelques semaines la direction de la Cité de la musique et de Bernard Stiegler qui le remplace désormais est fidèle à la mission première de l'institution qui fête ses 25 ans : concilier expression artistique et questionnement technologique.
Des livres et publications en attestent : bien que philosophe et informaticien de formation, Bernard Stiegler est travaillé par la musique depuis plus de vingt ans. «J'ai commencé par m'intéresser à la question du piano chez Michelangeli, après l'avoir entendu jouer en 1979 la Cathédrale engloutie de Debussy : il s'est installé, a laissé la salle plongée dans le silence pendant trois minutes, a joué ensuite trois minutes, puis s'est relevé en disant au public "mon piano a froid". Cela m'a conduit à une réflexion sur la mémoire, de Platon aux tech