[David Bowie est mort dimanche à 69 ans. Artiste protéiforme à la carrière mouvementée, il était devenu une légende. En 2002, à l'occasion de la sortie de son album Heaten, il s'était confié à Libération. Nous republions cette interview.]
Quand bien même il s'aventurerait dans la biguine ou le chant tyrolien, David Bowie fait partie des rares artistes qu'on ne peut pas refuser de rencontrer. Parce qu'il a forcément quelque chose à dire et à vendre , puisqu'il ne s'écoule jamais plus de quelques mois sans que son nom soit d'actualité, sous une forme (culturelle) ou sous une autre (économique). Qu'il sait manier Beckett et Nietzsche à bon escient. Qu'il tend, mine de rien, à devenir la mémoire vivante d'une époque que de moins en moins de personnes ont réellement vécue de l'intérieur (Mick Ronson, Marc Bolan, Andy Warhol... de profundis). Qu'il est lui-même une authentique légende, tour à tour sphinx et phénix, émule et démiurge. Qu'au-delà de son statut patriarcal, il exsude une aura aux composantes multiples (mettons de l'ingénuité à l'ingéniosité) que nul ne saurait contester. Et qu'il s'apprête à sortir un nouvel album (lire ci-dessous).
Ce Heathen (belle pochette figée, livret classieux) sert donc de prétexte à une causette avec David Bowie, qui reçoit presque en voisin dans le luxe moderne et tempéré d'un hôtel du quartier new-yorkais de Soho. Par un