Les places ont disparu en plein coeur de l'été. Elles se sont arrachées, sans la moindre publicité, par la grâce du bouche à oreille. Les trois concerts de Kraftwerk à la Cité de la musique sont complets. Archicomplets. Frustrés de tickets, les fans et simples curieux ont recours à d'improbables combines pour traquer le précieux sésame. Il faut dire que le dernier passage à Paris des prophètes allemands de la pop robotique remonte à plus de dix ans (à l'Olympia, le 13 novembre 1991). Depuis, officiellement, ils n'ont pas fait grand-chose. Ce qui n'a pas empêché, bien au contraire, leur légende d'embellir au point d'atteindre des sommets mythologiques qui laissent un peu perplexe. Les concerts de ce soir et demain déclenchent une frénésie sans commune mesure avec le précédent à l'Olympia.
A l'époque, les «hommes-machines» de Düsseldorf n'avaient à défendre qu'une décevante compilation de remixes conçue pour le marché dance. Ils n'ont pourtant rien de nouveau à proposer aujourd'hui. Mais cela n'en excite que beaucoup plus de monde. Electric Café, le dernier véritable effort de Kraftwerk, remonte à 1986, et Computer World, leur dernier album marquant, à 1981. Mais depuis, il y a eu le hip hop, l'industriel, la techno... Tous ces genres n'ont cessé de témoigner de l'influence qu'a eue sur eux la musique de Ralf Hütter, de Florian Schneider et de leurs camarades de passage (Wolfgang Flür, Karl Bartos...).
En 1982, Planet Rock, le tube rap séminal d'Afrika Bambaataa, était construit