A l'approche de la soixantaine, c'est toujours un geste étrange, le pouce dans la bouche, même pour rire. Depuis quinze ans, la presse rock tient la chronique des démêlés de Roger Waters, ex-bassiste de Pink Floyd, avec ses trois anciens comparses : David Gilmour, le guitariste, Richard Wright, le clavier, et Nick Mason, le batteur. Ils se sont traînés en justice, traités de tous les noms. Depuis quelque temps, Roger Waters met la pédale douce. Mais quand on lui rapporte que Gilmour a dit un jour de lui qu'il avait «cassé mentalement Nick et Richard», une sorte de naturel revient au galop. Alors, enfournant son pouce, Waters répond, cinglant et impitoyable : «Oh, les pauvres bébés !»
Brouillage d'âge. Qui donc est Roger Waters ? Un gamin mal grandi, parano, mégalo, qui ne peut s'empêcher de cogner ses petits camarades ? Un éternel adolescent fixé sur l'horloge musicale des seventies et dont le plus récent hit-parade se résume à Leonard Cohen et John Lennon ? Un sexagénaire richissime dont l'attachée de presse britannique explique dans l'ascenseur, avec un rictus de gêne, qu'il souhaite qu'on lui donne du «mister Waters» ? Seule certitude : le 24 mars, on a soufflé les trente ans de Dark Side of the Moon, ressorti pour l'occasion dans une version SACD (ni reprise, ni remix, juste un son un peu plus high-tech). D'où la réapparition de Waters, qui s'y colle pour la promotion. Il faut dire que s'il avait décliné, c'eût été David Gilmour, son rival détesté.
Flash-back : Pink Floyd,