Tous aux abris ! Telle la mélodie téléchargée d'un portable trouant une réunion des Cahiers du cinéma consacrée aux figures de l'absence dans GTA Vice City, une nouvelle version des Demoiselles de Rochefort débarque avec fracas dans notre espace médiatique vital. A la façon des Dix Commandements ou de Notre-Dame de Paris, le producteur Gérard Louvin s'est attaqué au monolithe historique, esthétique et sonique de Jacques Demy, réalisé en 1966. Considéré à peu près comme un objet de culte aussi intouchable que les oeuvres complètes de Jacques Tati, Vincente Minelli et Jacques Lacan («Il part en perm' à Nantes») réunis, les habitants du Demy-monde peuvent-ils supporter ça sans sombrer dans un grand tsunami de larmes ? Pas de doute, en tout cas : les chansons sont les mêmes. Enfin presque. Le compositeur aussi. Son nom figure en bonne place sur l'affiche : Michel Legrand, l'homme aux lunettes en baies vitrées californiennes. Celui qui n'arrêtait pas de jouer au train électrique avec Jacques Demy lorsqu'ils écrivaient leurs films a accepté le jeu de l'adaptation. Le single Ma seule chanson d'amour tient déjà son rang dans le Top 50, chanté par deux créatures virtuelles échappées d'une démo Photoshop. Les paroles de la Chanson des jumelles n'ont pas bougé non plus : «Nous sommes deux soeurs jumelles/ Nées sous le signe des gémeaux...»
De cet improbable croisement entre le musical originel chic de Demy et son sequel populaire façon Starmania, se distinguent surtout les microscopique