En juin 1979, lors des premières Transmusicales, Béatrice Macé a 20 ans. Comment grandit-on à la tête d'un des principaux festivals français ? Comment vieillit-on au son des concerts de rock ? A voir son teint frais et son regard bleu derrière des lunettes carrées, plutôt bien. Les virées jusqu'à point d'heure et les réveils glauques sont derrière elle. A entendre son rire en cascade, Béatrice Macé ne fume pas, ou plus. Sur son bureau trônent des cahiers remplis de chiffres, des lettres à en-têtes, un ordinateur et des classeurs dont la taille rappelle les responsabilités qui lui incombent.
Aux finances. Elle tient d'une main de fer les cordons de la bourse budget de 1,65 million d'euros. Un poste moins glamour et médiatique que celui de l'éternel programmateur Jean-Louis Brossard, avec qui elle fonda le festival (avec, aussi, Hervé Bordier). La musique ? «A la maison, en mangeant du chocolat et en lisant un livre.» Brossard, lui, retrousse ses pantalons comme à l'époque new wave. Il n'a pas changé de magasin de disques. Ecoute quarante choses à la fois. Et ses tempes sont grises. Sur elle, on ne voit rien du temps qui a passé. Pas même les coups encaissés, ni ceux qu'elle a donnés. Comment prend-on de l'âge au côté d'amis de vingt ans ? Peut-on encore être complices ? «On a chacun son pré carré : Jean-Louis l'artistique, moi, l'administratif. On en réfère toujours à l'autre, mais on a une grande marge de manoeuvre.»
L'ex-étudiante en lettres classiques qui