Le blues a 100 ans, officiellement. Ou plus précisément 101, puisque le centenaire de la «musique du diable» a été célébré aux Etats-Unis l'an dernier, le Sénat proclamant 2003 «Year of the blues». Mais les festivités se prolongent cette année en Europe, avec la sortie de nombreux disques et films consacrés aux «racines du blues». Lequel fait toujours de belles fleurs malgré son âge.
Pourquoi 100 ans ? Parce que, rapporte la légende, c'est en 1903 que le musicien et compositeur noir William Christopher Handy, dit «WC», entendit pour la première fois cette musique. Musique qu'il sera le premier, quelques années plus tard, à transcrire. On ne connaît ni le jour ni l'heure exacts de cette rencontre, mais on en connaît le lieu : la petite gare de Tutwiler, dans le Mississippi (une plaque y commémore la chose). Le train était en retard, WC Handy s'était endormi sur un banc... A son réveil, près de lui, un homme chantait et jouait de la guitare avec une lame de couteau en guise de bottleneck. Il chantait quelque chose comme «goin' where the Southern cross' the dog», a raconté Handy (1), qui comprit plus tard que l'homme évoquait l'endroit où se croisaient deux lignes de chemin de fer (la Southern Railroad et la Yazoo Delta Railroad, surnommée «Yellow Dog»). Moins anecdotique est cet envoûtement que Handy dit avoir ressenti immédiatement à l'écoute de cette musique «étrange».
Trois petits accords. Par la suite, WC Handy se mit à composer des morceaux dans la même vei