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Interview

Björk : «Chanter équivaut à descendre une colline en glissant»

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A la veille de la sortie de son album Medulla, la star islandaise, installée à Manhattan, analyse son rapport à l'art et au chant, dont elle considère qu'il fut dès l'enfance un véritable outil thérapeutique.
publié le 14 août 2004 à 1h46
(mis à jour le 14 août 2004 à 1h46)

Née le 21 novembre 1965 à Reykjavik, Björk Gudmundsdottir connaît une enfance bohème. Elle apparaît sur la scène internationale avec le groupe islandais Sugarcubes. Ils font trois albums, puis la chanteuse reprend sa liberté, entérinée par un premier disque solo, Debut (août 1993). Depuis, une série de projets artistiques sophistiqués ont fait d'elle une star pop planétaire à la fois accessible et pointue. Aussi à l'aise dans le dépouillement vocal que dans les diaprures symphoniques et électroniques, elle remplit les plus grandes salles du monde, joue constamment sur son image dans des vidéos arty et s'offre une palme d'or à Cannes pour son rôle dans Dancer in the Dark de Lars von Trier. Compagne de l'artiste américain Matthew Barney (avec qui elle a eu une fille en 2002), Björk s'apprête à sortir un nouvel album, Medulla.

Quelle relation entretenez-vous avec votre voix ?

Je pense que la tradition du chant, telle qu’elle a dû se propager pendant des millénaires, était à peu près la suivante : on écrivait une chanson qui condensait des émotions, des aventures, réelles ou fictives, puis on l’interprétait à l’attention de la communauté. C’était une activité événementielle, erratique. En tant qu’artiste, mon approche est à la fois comparable et différente. J’aime la notion d’explosion vocale, de feu d’artifice. Quelque chose qui tient de la sublimation et vous amène à explorer des territoires dont vous n’auriez peut-être pas soupçonné l’existence. Mais en procédant ainsi, le lendemain, vous êtes lessivé, vous