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Interview

Boulez «J'ai toujours été attiré par l'anarchie».

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Entretien avec le compositeur, qui dirige Webern ce soir à Paris et fêtera bientôt ses 80 ans.
publié le 16 novembre 2004 à 3h01

«J'ai vu le chiffre et j'ai dit : ah bon, c'est déjà ça !», éclate de rire Pierre Boulez. Le chiffre en question, c'est celui de ses 80 ans, qui seront célébrés par deux concerts, les 5 et 19 février, dans cette Cité de la musique dont il proposa la création il y a vingt ans. Occasion pour le compositeur d'entendre de la salle sa musique donnée par les solistes de l'Ensemble Intercontemporain dont il suscita, comme pour l'Ircam, la création dans les années 70. Mais le chef, qui dirigeait récemment l'EIC à Saint-Etienne au deuxième Festival Pierre-Boulez, sera à la baguette ce soir à la Cité de la musique pour un programme Webern, puis le 8 décembre à Bastille dans un programme Stravinski, Messiaen, Bartok.

Comment ne pas rire de cet âge, et de ce qu'il implique ordinairement ­ retraite, bilan ­, quand on s'appelle Boulez, qu'on réenregistre ces Bartok, Stravinski, Webern, Varèse, Debussy ou Ravel qui l'ont depuis toujours distingué ; qu'on se lance dans Mahler et surtout Bruckner à qui on n'imaginait pas Boulez s'intéresser un jour ; qu'on révise ses propres compositions en versions lumineuses...

Le Boulez de ces dernières années est aux antipodes de sa légende de tyran teigneux des années 60. Il s'amuse des orages passés et salue l'indépendance stylistique des jeunes compositeurs contemporains, même s'il lui arrive encore de prendre parti, notamment dans la querelle sur la dérive néotonale du festival Présences Radio-France, pour moquer «ces compositeurs dont la réputation ne