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Libération
Critique

Françoise Hardy. Dame d'émoi.

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Un nouvel album mi-bossa, mi-rock, à la nostalgie distanciée.
publié le 17 novembre 2004 à 3h02

Françoise Hardy reçoit dans son appartement près de l'Etoile, avec moquette épaisse dans le hall et ascenseur privé desservant un triplex : premier étage pour Dutronc, deuxième à elle, rez- de-chaussée commun. C'est là qu'on s'assied, autour d'une table basse en bois foncé, veillée par un bouddha. Ses vêtements laissent voir sa maigreur ; poitrine creuse, hanches étroites, salières. Le nouvel album de Françoise Hardy, 60 ans, s'appelle Tant de belles choses, que la dame promotionne avec une grâce un peu gauche. Elle rit plus qu'on n'imagine et parle volontiers, presque en pipelette, par nervosité suppose-t-on. A son âge ? Justement, c'est le disque d'une femme qui se retire du jeu (amoureux), chantant notamment (Soir de gala) : «Hier, le coeur en bandoulière, j'aurais tué père et mère pour un seul regard.» Aujourd'hui, dit-elle, «je suis libérée de certains états : passion, jalousie».

Ironie. Reste une «endive» encore très belle, qui emploie des mots choisis tels «faire fi» ou «enquiquiner» et suggère, comme trame de vie en chanson, une élégance tenant autant de l'understatement anglo-saxon que du «pas d'histoire» bourgeois ­ bien qu'elle se défende d'être une bourgeoise.

Exemple de cette légère ironie sur Grand hôtel, sorte d'écho un peu las au sexy la Sieste (Décalages, 1988) : «Un pianiste inspiré / joue mes airs préférés / allez-vous bâiller d'ennui / ou prendre ma main ?» Ailleurs, l'humeur se fait plus sombre, elle propose même : «Laissons faner les rose