Archétype du chanteur de variété assumable, d'emblée au pinacle, l'artiste aura connu mille vies. Star des galas, bardée de tubes grandes ondes, plénipotentiaire de l'ORTF à l'époque des shows criards des Carpentier, Michel Delpech disparaît ensuite de la circulation. Sa traversée musicale des années 80 sera aussi ectoplasmique que la période précédente fut implacablement triomphale ; exégète de l'imparfait qui, même pas majeur, nous persuadait déjà que, oui, «c'était bien, c'était chouette» (Chez Laurette) et qui, par la suite, trimbalerait ses humeurs souvent saturniennes d'Et Paul chantait Yesterday en 62 nos 15 ans, ou Que Marianne était jolie.
Imparfait comme sa vie, montagnes russes où les sommets de popularité qu'il connaîtra durablement n'auront guère, comme point de comparaison antagonique, que le fond de l'abîme neurasthénique (Je viens vendre mon chagrin) dans lequel il stagnera longtemps (Il y a des jours où on ferait mieux de rester au lit).
Aujourd'hui, Michel Delpech revit. Revient. Enregistré avec l'inconnu Laurent Foulon (mettons, son Biolay à lui) et sorti mi-octobre, le nouvel album, Comme vous, est une collection de chansons distinguées, popote country pop à la mode de chez nous, où le présent surnage, sans toutefois chercher à empêcher la digue cafardeuse de céder par endroits.
Tout de sombre vêtu, dans le pourpre cossu d'une cantine de luxe de l'avenue Montaigne en face de RTL, où il est attendu dans la foulée , Michel Delpech, 59 ans depuis quelques jo