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Michel Legrand : «L'inspiration n'est rien»

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Michel Legrand évoque cinquante années de travail «en laborieux», sa relation avec son père, Hollywood et la Nouvelle Vague.
publié le 21 juin 2005 à 2h41

Cet entretien avec Michel Legrand a été publié en juin 2005 à l'occasion de la sortie d'un coffret de ses musiques de film.

Michel Legrand, 73 ans, reçoit, chemise et pantalon bleu ciel, chez Universal. La maison de disques lui consacre un coffret de quatre CD survolant cinquante ans de musiques de films. Entre Carné et Godard, Demy et Rappeneau, l'ancien élève de Nadia Boulanger ­ au côté de Quincy Jones ­ évoque tout ça : l'écriture dans le rush avec son père, Raymond Legrand, l'aventure surréelle de l'Affaire Thomas Crown aux Etats-Unis et les chorégraphies jugées «ratées» des Parapluies de Cherbourg. Le téléphone raccroché, à propos d'une ultime chanson de Nougaro, Michel Legrand se lance, conteur volubile, tout à sa joie de parler de lui.

Se réécouter. «Un coffret avec toutes mes musiques de films, ça ne me fait rien. Il n'est pas pour moi ce disque-là, mais pour le public. Il y a deux dangers à se réécouter : se dire "Ah, c'est pas mal..." et reprendre la chose ; ou se demander comment on a bien pu laisser passer un truc aussi nul. Je n'ai chez moi aucun de mes anciens disques, aucun de mes films. Une fois fait, c'est fini.»

Bouffon de l'orchestration. «Au début des années 50, j'étais un petit pianiste virtuose, l'un des plus demandés de Paris. Je faisais de tout, concerts classiques, jazz, bastringue. J'essayais de savoir jusqu'où je pouvais "aller trop loin"... Je suis devenu une sorte de bouffon de l'orchestration, travaillant avec Che