Ludovic Navarre, alias Saint Germain, a eu un choc lorsqu'il a vu les militaires chinois arriver au pas et se déployer devant la scène sur laquelle il devait se produire, le lendemain soir. «Je n'étais pas au courant, je ne m'attendais pas à ça», confiait le chef de file du groupe d'electro-jazz français qui porte son nom.
Difficile, en effet, de parler de l'événement qu'a représenté la transplantation, samedi et dimanche à Pékin, du festival des Transmusicales de Rennes sans évoquer d'abord le quadrillage policier massif auquel il a donné lieu. Devant la scène, des membres de la «police armée du peuple», portant un t-shirt blanc avec le sigle des «Trans en Chine» pour faire plus cool, étaient assis, figés comme des piquets, sur des chaises placées en arc de cercle afin d'empêcher le public d'approcher les musiciens.
Interdit de fumer. Dans la foule, des dizaines d'autres policiers et vigiles en uniforme, assis sur des bancs en plastique, divisaient l'aire publique en plusieurs zones, sans contact entre elles. D'autres policiers, enfin, sillonnaient la foule pour éteindre les cigarettes : interdit de fumer en plein air ! Dernier détail, pas une goutte d'alcool n'était vendue sur place. Et la vente des billets a été interrompue samedi soir pour éviter qu'il y ait trop de monde.
Fallait-il accepter de jouer dans ces conditions caricaturales d'un Etat policier comme la Chine ? Les artistes qui ont pu être pris par le doute ont finalement décidé de jouer, par respe