Dix longues années que Stevie Wonder n’avait pas sorti de nouvel album. Aujourd’hui, A Time to Love vient mettre un terme au silence qui suivit l’échec commercial de Conversation Peace, en 1995. La semaine dernière, le Los Angeles Daily News, en référence à l’un de ses derniers succès, en 1985, I Just Called to Say I Love You, titrait: «Stevie Wonder vous appelle juste pour vous dire qu’il vous aime: y a-t-il encore quelqu’un pour l’écouter?» Certainement écouté, entendu peut-être moins.
En quarante ans de carrière, Little Stevie a laissé une empreinte indélébile sur la musique contemporaine. Noir et aveugle comme Ray Charles, c'est l'autre génie de la musique afro-américaine, explorant tous les univers musicaux, maîtrisant avant tout le monde les nouvelles technologies. En 1972, il est l'un des premiers à mettre en avant le synthétiseur pour son Music of my Mind. Avec Marvin Gaye, Isaac Hayes, il fait passer l'idée qu'un album n'est pas seulement une collection de singles, mais une oeuvre censée faire passer un message.
Traversée du désert. Avec ses chansons, il sera de tous les fronts, contre l'administration Nixon (You Have Done Nothing), contre l'apartheid (Ebony & Ivory, avec McCartney), contre la faim dans le monde (We Are the World), pour le contrôle des armes à feu, pour que l'anniversaire de Martin Luther King devienne un jour férié aux Etats-Unis ce qu'il obtient avec Happy Birthday. Mais depuis plus de vingt ans la musique de Stevie Wonder n'est plus qu