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Libération
Portrait

Sir excentrique et grande folle du rock

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Modèle d'extravagance, Elton John est passé en trente ans du glam à Lady Di, du dérangé au gay rangé.
publié le 22 décembre 2005 à 5h05

En 1972, à 25 ans, Elton John hystérisait les stades de son mélange de pop à la McCartney et de rhythm'n' blues en lunettes strassées et platform-boots. Enfant du divorce élevé par sa mère dans le Middlesex, Reginald Kenneth Dwight avait d'abord tout misé sur ses talents de musicien, sanctionnés dès ses 11 ans par une bourse d'études à la Royal Academy of Music. A 14 ans, son Bluesology accompagnait déjà les stars soul américaines en tournée en Angleterre. Le jeune musicien offrira ensuite ses talents de vocaliste aux groupes King Crimson et Gentle Giant.

C'est la rencontre avec Bernie Taupin, parolier en mal de compositeur, qui donne, au nouvellement rebaptisé Elton John, la matière de ses premiers succès. Dont Your Song, romance folk qui, en 1970, se classe simultanément aux top ten anglais et américain. Le compositeur est reconnu, mais l'interprète au physique peu vendeur ne deviendra une pop-star qu'en épousant du jour au lendemain le look glam-rock, qui permet à l'époque à Marc Bolan et T. Rex de recréer l'hystérie des Beatles et à David Bowie d'éclater en Ziggy Stardust.

Si Elton John incarne d'évidence la grande folle du rock, il n'évoque sa sexualité dans les médias qu'en 1976 : dans une interview à Rolling Stone, il se déclare «bisexuel». Quatre ans plus tôt, Bowie, jeune père de famille aux nombreuses maîtresses, avait scandalisé l'Angleterre en déclarant en une des tabloïds : «Je suis gay et l'ai toujours été» ­ audace qui fera de lui une légende, tandis qu'Elton Jo