Blonde, une voix douce et des fringues cyberbab : les apparences sont trompeuses. Lola Lafon, comme une étudiante de 32 ans, n'est pas mère Teresa. Elle a de la rage. Dites-lui ça, c'est un compliment. Ancienne squatteuse, militante au sein de fanzines anti (-fafs, -sexistes), elle voit en l'anarchisme une manière apatride de «grandir à l'envers de rien, le plus terrorisant étant de grandir à l'endroit de tout». La chanson française lui est étrangère. Elle ne comprend pas de quoi ça parle. Elle, son «copain» et sa «rue» ne sont pas les seules choses qu'elle a en tête. Elle résume : «L'important est de chanter ce qui est difficile à dire.» Et avec le chant, ce «cri horizontal qui frôle la terre» (Deleuze), elle continue d'exprimer ce qu'elle a déjà couché dans son premier roman. Sous l'aile de Beigbeder chez Flammarion, Une fièvre impossible à négocier (2003), petit best-seller désormais en poche, évoque, de squats en projets révolutionnaires, le parcours d'une fille violée qui n'essaie pas seulement de survivre mais de vivre dans une «société libérale» écoeurante.
Catharsis. On lui a demandé si c'était autobiographique. On le lui demande encore. Elle répond que les différentes couches de réécriture altèrent forcément. En revanche, «l'essentiel, le vrai, c'est ce qui est sous-jacent à l'histoire». Sa grande soeur lui a fait un jour découvrir Barbara. Ecrire, chanter, traduit chez Lola Lafon une même volonté de briser le silence, de rompre l'enfermement.
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