Un an, à quelques jours près, sépare les deux rencontres. Rien, pourtant, n'a changé dans les apparences, si décontractées qu'on les croirait informelles. Antidote des artefacts de la télé-réalité, à la ville comme à la scène, Anaïs incarne la nana nature, frondeuse et délurée, parfaitement raccord avec son premier tour de chant solo qui, trimballé aux quatre coins du pays et dupliqué sur disque, lui a valu de devenir un des poids lourds inopinés de la chanson française. Titre du projet : The Cheap Show, le spectacle fauché, assomption de «ce côté simple, épuré, de la musique qui permet d'aller droit au but». Un manifeste, concocté début 2005 avec les moyens du bord, commué en pied de nez après plusieurs centaines de milliers d'exemplaires écoulés. Un cas d'école buissonnière à une époque où l'industrie du disque, terrassée par le piratage et ses promesses de lendemains qui déchantent, n'en finit plus d'envoyer des signaux de détresse.
Pourtant, bien que la citrouille se soit transformée en carrosse, Anaïs, elle, n'a toujours pas songé revêtir les habits de princesse coordonnés au conte de fées qu'elle a vécu. Janvier 2006 : on la croise jeans et doudoune, bonnet enfoncé sur la tête et nez qui coule, un sac à dos accentuant la touche Guide du routard, plus que Gala. Anaïs s'apprête à prendre le train, direction la province, où elle va chanter le soir même. Son album a beau n'afficher alors «que» 40 000 ventes, on sent que quelque chose se p