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Interview

Pierre Boulez : «Une réflexion sur la structure temporelle de la musique»

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Contemporain. Pierre Boulez rend hommage au musicien allemand Stockhausen, mort mercredi.
publié le 11 décembre 2007 à 1h59

La mort de Karlheinz Stockhausen, survenue mercredi dernier, «jour de l'unité des différents esprits» dans sa cosmogonie personnelle, n'a été annoncée par sa fondation que vendredi soir. Elle a d'autant plus ému que l'homme semblait, encore cet été à Kuerten où il tenait son séminaire annuel, en pleine santé ; pensée lumineuse et puissance de sympathie intacte. Pierre Boulez qui fut son ami, des années d'études à la maturité, et défendit sans relâche sa musique en France, revient pour Libération sur son importance musicale.

Stockhausen est-il celui qui réintroduit la spatialisation en musique au XXe siècle ?

C'est l'un de ses promoteurs les plus importants, et cela d'abord pour clarifier la polyphonie, comme je le faisais également à l'époque. Il avait besoin de diviser la masse orchestrale en groupes pour exprimer sa conception de la polyphonie temporelle ; je pense à Zeitmasse, polyphonie de tempi, de vitesses, de durées. Il a mené une réflexion profonde sur la texture temporelle de la musique.

Qu'est-ce qui vous paraît importer dans l'usage de l'électronique par Stockhausen ?

Il avait la même pensée musicale pour l'instrument traditionnel et électronique. On peut, avant même Mantra, entendre Kontakte, pour piano et bande-magnétique, comme l'illustration du dépassement par Stockhausen de l'esthétique primitive de collage de la musique électro-acoustique d'alors. Avant cela, j'avais été impressionné par le traitement de la voix dans le Chant des adolescents.

Qu'est-ce qui l'a séduit dans la musique aléatoire ?

J'ai rencontré John Cage avant tout le monde, à Paris en 1949, puis en 1952 à New York, alors qu'il amorçait son grand virage. Il est venu à D