L'un est slameur, l'autre rappeur. Ils viennent tous les deux de la banlieue parisienne, respectivement Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne. Grand Corps malade, énorme succès il y a deux ans avec son premier album, Midi 20, sort son deuxième CD le même jour que celui de Kery James, une icône du rap français.
Dans A l'ombre du show-business, celui-ci invite le slameur et un monument de la chanson française, Charles Aznavour, qui a prêté son bureau le temps d'un entretien croisé.
Charles Aznavour, c'est un sacré parrainage pour le slam et le rap.
Kery James : Quand on me présente en tant que rappeur, je suis souvent gêné parce que je sais que mon interlocuteur a cette image du petit con qui s'excite sur la musique en disant «Nique la police, je suis de la banlieue». Alors, si Charles Aznavour cautionne l'idée qu'on puisse être des auteurs de qualité, les autres n'ont plus rien à redire.
Grand Corps malade : En tant que slameur, on m'a reconnu un talent d'auteur qu'on concède moins souvent aux rappeurs. Cette reconnaissance ne viendra que des leaders d'opinion comme Aznavour.
Sur chacun de vos albums figure un morceau sur la banlieue, pourquoi est-ce si important de rappeler d'où on vient quand on est slameur ou rappeur ?
GCM : Sur mon premier disque, le titre consacré à Saint-Denis était une petite dédicace à mon marché, ma rue commerçante, là où j'avais mes habitudes. Du coup, beaucoup de journalistes m'ont posé des questions sur la banlieue, et là je me suis rendu compte à quel point ils ne la connaissaient pas. C'était flippant. Je viens de là m'a été inspiré par cette observation. J'y raconte ce que je con