«Je n'ai pas de codevi. Mon compte en banque, c'est mon catalogue, mes disques, ma réputation.» Le type qui dit ça porte un jean, des tennis et un tee-shirt Rage Against the Machine. Bouc et cheveux mi-longs, ce mètre 85 né en 1975 fait sensation chez les kids, tout comme les disques qu'il produit au compte-gouttes et les soirées qu'il organise avec son label, Ed Banger. On le dit pas trop matérialiste. Il élude : «J'ai assez d'argent pour me payer des baskets à 200 euros et louer un appartement à Montmartre.»
Des amis, Pedro Winter en a partout, du rappeur Pharrell Williams au cinéaste Spike Jonze. Lui-même aurait pu se contenter d'être le producteur-manageur le plus envié de la blogosphère (Justice, Daft Punk). Pedro Winter est aussi artiste. Sous le nom de Busy P., il s'annonce dans un mélange d'infrabasses et de guitares hardrockées. «Je suis sur une frontière, se définit-il. D'où je travaille, on peut me voir autant à Barbès qu'à Montmartre, autant à la Goutte d'or qu'à Boboland.» Sens de la formule, bon communiquant. A la snobitude de la nuit, il préfère une mémoire du détail, des visages et des prénoms, qui s'arrête juste avant la flatterie. Il commande un Vittel-menthe. Dans une heure, il part pour Aix-en-Provence. La veille, c'était Munich. Dans trois jours, Shanghai.
Enfant, sa mère, responsable presse à RTL, l'emmenait voir Johnny. Mais c'étaient les backstages qui l'intéressaient. Et, à force de monter les march