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Libération
Critique

L'étoffe Christophe

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Rock. Après deux albums épurés, le chanteur lunaire revient à un style profus et planant. Interview pour la sortie d'«Aimer ce que nous sommes».
par BAYON
publié le 26 juin 2008 à 4h03

L'ambient-yéyé Aimer ce que nous sommes, son et dessein moins nets que ceux des deux CD antérieurs, réalisé à Londres, Séville ou Montparnasse ces six dernières années, est du pur Christophe : sec et moite, sublime et chiqué, briqué bricolo, parfait à l'imparfait.

Twist. Commençons par le parfait. Soit le personnage transformiste même, cet Adoré Floupette déliquescent remixé Nicolas Flamel patrimonial, chaînon manquant entre le twist de Juvisy et l'Ircam Café Costes. Smart de miniature Bronzino, cheveu Warhol-Dracula, voix du même métal mercurisé, Christophe en soi, et satin, «crispé comme un extravagant» baudelairien plus vrai que nature ; il faudrait l'inventer s'il ne se chargeait sans répit de «faire de sa vie une oeuvre d'art», telson la Man fétiche 2001. Soit ensuite sept à huit chansons sur quatorze titres. Sept slows tectoniques ruisselants, au croisement d'Aline, Money et Lily Marlene, plus un disco-jerk.

Passons aux hics. Le parlé-chanté est un tracas de l'édition, brouillant le geste rock en récitation. Compliquant ce handicap (touchant sept plages quand même), les invités (trois, dont une eût suffi) et une dramaturgie freinée à la clef.

L'ouverture atmosphérique est de fait une chute, via dictée d'Adjani nous éloignant du sujet, Christophe ; faux-départ appuyé en Magda, deuxième couche de parlé-chanté nappée : une lecture psalmodiée de Christophe lui-même, certes, mais à contre-